Empêche le clic droit
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Bulat-Pestivien LA CHAPELLE SAINTE-ANNE RADENEK |
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« La
paroisse de Pestivien possède encore une autre chapelle ; c'est la
chapelle de Sainte Anne aux Fougères
(Santez Anna Radenec), dont la fondation date de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Vers
l'année 1767, on trouva, dans une fontaine, un petit buste en pierre. Cette
image, que l'on crut être celle de sainte Anne, fut aussitôt en grande
vénération dans tout le pays, et la création d'une chapelle fut ardemment
réclamée. Cet oratoire fut d'abord extraordinairement fréquenté, mais le
nombre des pèlerins est aujourd’hui bien réduit. Le pardon de Sainte-Anne aux
Fougères se célèbre le premier dimanche d'août. Ce jour-là, les deux messes
se disent à la chapelle, et il n'y a point d'office à l'église
paroissiale. » S. Ropartz
(Pestivien, pèlerinage de Notre-Dame de Bulat - Annuaire des Côtes du Nord
1851 |
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La chapelle est construite au nord-est du village de
Radenek. La croix du placître se situe au sud de la chapelle. Au bas de la pente,
dans l’angle nord-ouest du placître se trouve une petite fontaine dont le
bassin carré est délimité sur deux faces par des pierres enfouies.
L’écoulement se fait vers le nord-est. La chapelle est de petites dimensions ne mesurant que
21,70 sur 12,80 m en hors œuvre. Elle est en croix latine orientée, à
deux vaisseaux perpendiculaires de même largeur et de même hauteur, couverts
d’une charpente lambrissée. La croix latine est d’une grande régularité, le
chœur et chaque bras de transept étant de la même profondeur. Sur le chevet,
plat et aveugle, s’accole la sacristie. Au-dessus du porche une inscription
permet de datée la chapelle : CH : P : PERRON :
RTR : DE : PESTIVIEN : 1770. C’est en effet le recteur de Pestivien Charles Perron
qui fut à l’origine de la construction de l’édifice grâce à l’aide matériel
importante des paroissiens après la découverte de la statuette représentant
sainte Anne. |
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Sainte Anne et
la Vierge |
Le maître-autel : Le retable occupe tout le mur est du chœur. Composé de
trois travées délimitées par quatre pilastres, sa polychromie imite le faux
marbre bleu-gris. Le panneau central représente sainte Anne et la Vierge. Les
travées latérales ont deux niveaux : le premier est constitué par une
porte, le second par une fausse niche contenant une statue. Un entablement
continu surmonte les trois travées : il forme un ressaut au niveau des
pilastres et il s’adoucit par un arc en plein cintre au-dessus de la travée
centrale. Les pilastres latéraux sont identiques. Ils sont ornés de
motifs floraux. Une tête d’ange en ronde-bosse et une chute de fleurs
décorent le sommet des pilastres centraux (ces décors rapportés provenant
d’un retable plus ancien). Les portes latérales sont à doubles panneaux, celui du
haut étant arrondi à la partie supérieure. Au-dessus de chaque porte, une
fausse niche en anse de panier contient une statue : à gauche une statue
de sainte Anne, à droite une statue de saint Joachim toutes deux portées par
une console en forme de corbeille à section polygonale amortie en bas par une
petite coquille encadrée de volutes de feuillages. La statue de sainte Anne est en chêne polychrome dont
le revers creux est laissé sous le coup de l’outil. Le corps est constitué
d’une seule pièce, le bras gauche, le pan du manteau, le livre l’extrémité du
pied gauche et la partie gauche de la base étant des pièces rapportées. De
format grandeur nature, la statue mesure 1,56 m de haut pour une largeur
de 0,50 m. Une petite cale de bois placée sous la base remet d’aplomb la
statue qui penche vers sa droite. La base est taillée dans la même pièce de
bois que la statue. Sainte Anne tient un livre ouvert dans les mains. Il est
possible que la statue, à l’origine, fît partie avec celle de saint Joachim
d’une Sainte – Parenté. La silhouette est élégante et souple, les draperies
sont larges et puissantes. Le visage de sainte Anne est allongé, les sourcils
arqués et la bouche aux commissures légèrement étirées lui confèrent une
expression attentive et quelque peu souriante. La représentation est traditionnelle :
robe longue à manches étroites, guimpe encadrant le visage et couvrant les
épaules, long manteau formant voile sur la tête et chaussures à bout arrondi. |
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Sainte Anne |
Saint Joachim |
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La statue de saint Joachim est une statue de bonne
facture, expressive, tant au point de vue de l’attitude que du visage. Celui
est ovale, le front parcouru par une ride horizontale, les sourcils sont
haussés et arqués, les yeux allongés, le nez long et fin. La bouche est
encadrée par de longues moustaches rejoignant une barbe en collier formé de
mèches fines et ondulées groupées en boucles indisciplinées. Saint Joachim
est vêtu d’une robe à longues manches dont l’encolure, loin du cou, possède
une petite ouverture verticale. Une ceinture drapée entoure la taille. Un
manteau posé sur l’épaule revient sur le côté droit, passe sur le devant au
niveau de la taille puis disparaît sur le pan gauche. Cette statue, comme
celle de sainte Anne, est l‘oeuvre d’un atelier régional. |
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La Naissance
de la Vierge La profondeur
de la scène est donnée par la perspective italienne. Elle est accentuée par
la ségrégation des plans, différemment éclairés par une source lumineuse
venant de l’avant qui accuse le modelé et provoque des ombres portées très
fortes. La direction des regards détermine une ligne brisée, qui passant de
l’un à l’autre, aboutit sur le personnage principal : l’enfant. La
position des personnages détermine deux parallèles obliques : la
première composée des deux servantes du premier plan et de Joachim, la
seconde de sainte Anne et des deux autres servantes. |
Le tableau de la Naissance de la Vierge est fixé au mur
est du bras nord du transept. Le cadre est rectangulaire à moulure plate
assemblée par coupes d’onglets (hauteur : 2,40m – largeur : 1,96
m). Cette peinture sur toile fut réalisée en 1912. La scène se passe dans une pièce éclairée en avant, du
côté gauche, fermée à l’angle supérieur droit par une tenture. Le fond de la
salle est voilé d’un rideau qui s’écarte sur la gauche et découvre un paysage
d’architecture et d’arbres. Le milieu de la pièce est barré d’un grand lit
dont la tête s’appuie sur le mur droit. Sainte Anne est à demi allongée, près d’elle, une
servante lui présente un plateau en se retournant vers l’avant où se trouve
l’enfant assis sur les genoux d’une femme, elle-même assise face au
spectateur. À côté d’elle, un peu en retrait à gauche, une autre servante
porte un plateau. Au fond, de l’autre côté du lit, Joachim est assis et au
milieu une autre servante s’éloigne vers le fond de la pièce en regardant
sainte Anne. L’anatomie est classicisante : les corps sont
souples et longs aux formes arrondies, les cous sont massifs, les bras
potelés, les épaules rondes et les poitrines sont imposantes. Les visages,
bien que différenciés sont tous du même type (ovale, joufflu, sourcils
arrondis, nez droit et fin et yeux en amande). Les costumes sont amples, à l’antique, avec
d’importants effets de draperie. L’enfant est vêtu d’une courte tunique,
laissant l’épaule droite recouverte. La servante qui le porte est habillée
d’une robe bleue, longue, à manches courtes, serrée à la taille. Un voile
couvre sa chevelure. Cette servante est chaussée de sandales à deux lanières
transversales. En face d’elle, l’autre domestique est vêtue d’une robe
violacée, à mi-mollet, sur laquelle est passée une seconde robe rouge, à
basque, à manches courtes bouffantes et dont la jupe est reprise sur le
devant et passée sous la ceinture haute et drapée. Elle porte aux pieds des
jambières à bout découpé. Sainte Anne est vêtue une robe à fine ceinture sous
la poitrine, à manches longues et étroites. Un voile couvre sa chevelure et
ses épaules. La servante à côté d’elle est nus pieds. Elle est vêtue d’une
longue robe à manches retroussées au coude. Joachim porte un manteau. La
servante du fond est vêtue d’une robe à manches retroussées au coude. Une
écharpe pend sur son épaule gauche. L’enfant, sainte Anne et Joachim sont
auréolés. Le mobilier se compose d’un lit, très haut, pourvu
d’une estrade à deux degrés. La tête du lit est très haute et garnie de
grands oreillers. Le siège et la petite table du premier plan (sur laquelle
est posé un linge) ont une découpe en cavet. Une bassine occupe l’angle
inférieur droit. |
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Présentation
de la Vierge au Temple La scène est ordonnée selon une grande oblique formée par Sainte Anne, la Vierge et le grand prêtre. Elle est axée sur la Vierge qui occupe le centre de la toile. La grande diagonale est contrebutée par l’oblique de sens contraire des marches du temple et adoucie par la disposition des autres personnages. |
Le tableau de la Présentation de la Vierge au Temple
est fixé au mur est du bras sud du transept. La scène a lieu en plein air. Le
temple est en second plan et occupe toute la largeur du tableau. On y accède
par un emmarchement à sept degrés. Le style du bâtiment est oriental :
une première colonnade à piédestal maçonné, à base en fleur de lotus puis une
colonnade à piles carrées sous architrave puis une dernière colonnade à
piédestal orné d’arc trilobé et à base en fleur de lotus. À gauche du
tableau, entre les colonnes, on perçoit un paysage parsemé de maisons, de
style composite, sur fond de montagne sous un ciel parsemé de nuages. La Vierge, enfant, monte les degrés du temple où
l’attend le grand prêtre qui l’accueille les bras tendus en avant et en inclinant
la tête vers elle. En bas, à droite, sainte Anne est de profil, ses mains
crispées traduisent une attention inquiète. À ses côtés saint Joachim agrippe
son manteau de la main droite. Tous deux regardent l’enfant. La scène est
complétée par des spectateurs. Dans l’angle inférieur gauche un vieillard est
agenouillé : la main droite tendue en direction de sainte Anne, les
paupières a demi-fermées, un jeune enfant s’agrippe à lui en lui tirant la
barbe. Au fond de la scène, derrière sainte Anne et Joachim, un homme et une
femme regardent en curieux la scène. Les visages des personnages sont de type
classique : nez droit, yeux en amande, petite bouche. Les hommes ont un
visage plus basané, les traits sont plus accentués et les trois hommes âgés
ont des moustaches tombantes rejoignant une barbe en pointe. Les vêtements sont amples, de styles classiques avec de
nombreux effets de draperies. La Vierge porte une robe longue, à ceintures
drapées dans le dos. Le grand prêtre est coiffé d’un bonnet aux bords
relevés, à deux pointes, posé sur un voile. Sainte Anne est vêtue d’une robe
à manches longues fermées par un bouton au poignet, d’un manteau et d’un
voile cachant sa chevelure. Une bourse à fermoir terminé par un anneau pend sur
son côté gauche. Joachim porte une tunique à encolure ras du cou sur laquelle
est jeté un manteau. Le vieillard est vêtu d’un manteau et d’une tunique. Il
est coiffé d’un bonnet drapé terminé par deux pans noués derrière la nuque.
Il est chaussé de brodequins en tissu. La draperie suit les mouvements : elle est
fortement mise en relief par la lumière, les plis étant nombreux et variés. Ce tableau, de même que celui lui faisant pendant dans
le transept nord-est une peinture à
l’huile sur un support textile. |
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Le dallage de la chapelle est remarquable. Dans celui
du chœur liturgique sont incluses
trois dalles de granite sculptées, l’une dans l’axe du maître-autel, deux
autres dans les bras du transept. La dalle du chœur (0,82m x 0,85 m) est sculptée en
bas-relief d’une croix de Malte aux bras très allongés. Les quatre angles
sont ornés de petits motifs disposés selon les diagonales : un ostensoir
dans l’angle nord-est, un ciboire dans l’angle sud-est et deux losanges dans
les angles nord-ouest et sud-ouest. |
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La dalle en
granite de chœur |
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Les dalles des bras du transept sont identiques :
elles sont sculptées en bas-relief d’une croix de Malte inscrite dans un
cercle. Le sol de la nef est dallé de grandes pierres de granite allongé,
disposées régulièrement. Trois rangées selon l’axe est-ouest dessinent une
allée axiale ; de part et d’autre, des groupes de trois dalles
parallèles aux dalles de l’allée centrale sont séparés par une dalle
transversale. |
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Pour terminer, voici la légende telle que l’abbé Louis Le Tirrand la raconte dans sa brochure de 1978 intitulée « Sainte-Anne-de-Radenec, Zantez-Anna-Radenek, en Bulat-Pestivien » |
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Vers 1767, une jeune bergère (d'après une
tradition moins répandue, il s'agirait d'une moissonneuse de Goarenn Bocher
venue travailler à Radenek), dont on n'a pas retenu le nom, gardait son
troupeau dans un champ ou une prairie proche du village de Radenek. Elle
voulut aller se désaltérer à la source voisine. En se penchant, elle aperçut
dans l'eau une statuette du genre de celles qui ornent parfois le frontispice
des maisons ou les niches des fontaines : 9 à 10 pouces de longueur,
pour ne pas dire une vingtaine de centimètres, puisque le système métrique
n'était pas encore institué. Elle plongea le bras, sortit la statuette qu'elle
s'étonna de trouver si lourde : la statue était en pierre et bien lisse. On
était religieux en ce temps-là et l'enfant ne douta pas un instant d'avoir
trouvé une statue de sainte, peut-être la très Sainte Vierge et elle dut tout
de suite prier "la sainte inconnue". Elle s'empressa d'apporter son
trésor au village chez ses parents (ou chez ses maîtres). Tout le monde se
rassembla ; les langues allèrent bon train. Peut-être le recteur Pezron, qui
venait de la Palud, avait-il recommandé la dévotion à sainte Anne, si
fervente là-bas. « On n'en sait rien, conclurent les bonnes gens dans
leur logique (!) ; mais ce qui est sûr, c'est que c'est bien sainte Anne ».
Et comme, au dire des anciens habitants de Radenek, la statue ne se plaisait
pas au village, mais retournait, le soir, à l'endroit où on l'avait trouvée,
on se décida à aller raconter la merveille à Messire Pezron et à le prier
instamment de construire une chapelle pour abriter la statue miraculeuse. « Vous croyez, leur dit-il, que j'ai une
machine à fabriquer les sous ? L'année prochaine (en 1768), je dois mettre
dans la tour de Bulat un gros bourdon de 5000 livres de poids, et qui me
coûtera bien aussi 5000 livres de monnaie. Je dois aussi penser à restaurer
et même à rebâtir l'église paroissiale de Pestivien : elle tombe en ruines. Mais, insista-t-on, puisque c'est sainte
Anne qui le demande. - Taratata ! Qui vous a dit que c'est
sainte Anne ? Qu'elle me trouve alors de l'argent ! » Sainte Anne lui joua alors un de ces tours
dont elle a le secret. M. Pezron boitait légèrement. Peu de jours après
l'entrevue, il se réveilla complètement perclus : déjà les "rhumatismes
de l'histoire" ou tout bonnement une attaque de paralysie. Il dut
s'acheter ou se faire confectionner une paire de béquilles. Pendant ce temps, on se réunit pour prier
sainte Anne, près de la Fontaine de Radenek. Et - ô miracle ! - les sous
commencent à pleuvoir. Par peur ou par reconnaissance. Tel
charretier qui jure contre sainte Anne tombe sous sa charrette et ne s'en
tire, indemne, qu'après avoir promis deux cierges. Une curieuse de Duault,
venue à Radeneck, et n'ayant pas trouvé la statue à son goût : « Çà, sainte
Anne ? Allons donc ! » devient aveugle : elle recouvrera la vue en faisant...
amende honorable. Voilà deux enfants de Bothoa qui se noient : on les voue à
Sainte Anne de Radenek : ils sont sauvés. Et un gros paresseux de Plusquellec
se décide à marcher... à trois ans ; etc. Un jour, le recteur Pezron se
traîne lui aussi jusqu'à la fontaine et il en repart... oubliant ses béquilles
! Alors, l'histoire change de tournure. Pezron prend l'affaire en main, et pas à moitié. En moins de trois ans, une belle chapelle est construite, un peu sur le modèle de l'église de Pestivien. Au fronton de l'édifice, on peut encore déchiffrer l'inscription : « Ch. Pezron R. T. R. de Pestivien, 1770 ». Il dote la chapelle d'un gracieux campanile et d'un riche autel en marbre… |
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Reproduction interdite. Réalisation et
crédit photographique : Alain Ménard (propriété de l’auteur,
www.bretagne-sacree.fr © 2009). Aucune de ces images ne peut être utilisée,
copiée, transférée, en tout ou en partie, sans le consentement écrit du
photographe. Sources : Inventaire topographique de la commune de
Bulat 1968 (DRAC Bretagne - Service
régional de l'Inventaire). Société française
d’archéologie – Bulletins monumentaux Abbé Le Tirrand – Miettes
d’Histoire et de Légendes Remerciements à Monsieur Louis
Cojean pour son savoir et le temps
qu’il a bien voulu me consacrer.
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